mardi 28 décembre 2010

Danseur, terrain vague

Bras jetés aux nuages,
pieds plus fluides que l'eau du fleuve,
il hèle les pierres,
le vent le souffle,
il marche au bord du ciel.

Le sol le rampe
le frôle, le courbe.

Filer le sable,
rompre les cercles,
saisir les ombres
dans l'immobile qui tremble.

Les pas de l'insecte sont les siens
et aussi ceux
du crabe
du mille-pattes.

Au loin la ville
privée d'oiseaux blancs
et la grande signature du monde
aux murs ébréchés.

jeudi 23 décembre 2010

Histoire animale

Relégué au grenier
(à donner, jeter, laisser traîner)
animal demi-deuil
ahuri
détresse muette
pli penaud des lèvres trop humaines.

De quoi donner
des cauchemars aux enfants,
ont décrété les parents.

Pour Noël, les nounours sont
à croquer,
d'habitude.

samedi 4 décembre 2010

Spectacle

Brûler les étapes du silence,
claquer le sol de ses semelles

l'acteur surgira du noir
vers la lumière

il jettera un sort
à ses semblables
tapis dans l'ombre.

Vies inventées,
juste ici, maintenant,
temps précieux des mots

et puis
rien de plus

retourner au silence.

lundi 1 novembre 2010

Sous son regard


Je passe,
il me suit des yeux
l'air de regarder ailleurs
si j'y suis.

J'ai rêvé
qu'il se retirait
dans l'épaisseur du mur
comme
dans un cercueil.

Mais il est bien là,
je crois même
qu'il me tire la langue.

Un pont, la nuit


Poisson-arcade
arêtes phosphorescentes
il bondit
au-dessus de la rivière
monstre électrique
pacifique
surgi de la nuit
mirage luxueux
et naïf
d'un village endormi.

dimanche 12 septembre 2010

Jardin (suite)


Le jardin n'est pas pour les hommes,
ces géants incompétents
qui n'entendent pas le langage
de l'air et du ciel.

Jardin


Feuilles
messagères du vent,
pluie
encre invisible.
Frissons secrets
d'ombres et d'insectes.

lundi 23 août 2010

Sous les voûtes, la plage ?


Août. Fin d'après-midi
touché coulé
dans un transat, les yeux clos
pour le bleu (ciel ou mer).
Ainsi vogue le vaisseau de pierre
sur la ville assoupie
des dimanches de sable.

vendredi 6 août 2010

Aux portes de la ville


La ville se déploierait,
jardins, arcades d'un âge ancien,
lisse, miroitante
comme un matin de pluie,
malgré l'été qui bat
de son pouls radieux.

mercredi 14 juillet 2010

Avant la nuit

Le soir ne sait rien
de la nuit qui vient.

Il y aura des battements d'ailes,
les oiseaux traceront
des lettres dans le ciel,
des balafres tout en haut des arbres.

Plus tard,
il y aura le sang rouge de l'aube

et soudain nous croiserons
nos doigts
dans les nervures des feuilles sèches.

lundi 7 juin 2010

Aquarium


Envers d'un monde
détourné
ou très ancien

des êtres
coupeurs de nuit
crevant la surface du jour

pour faire gicler la lumière
des songes immatures,
et sans issue.

dimanche 6 juin 2010

Bar, petit matin




Minutes alignées
lampes
écarquillées
absence illimitée
des pas au carreau vide.

et cette rue qui descend
chaque jour vers
le début du monde.

lundi 10 mai 2010

Bastille

Entracte
musique tue.

Dernier étage
sous les étoiles
je quadrille la nuit
aux hublots du vaisseau.

De cet horizon sans tain
émerge
la colonne, le grand mât.

Tout en haut : Billy Budd.

dimanche 4 avril 2010

Danseurs


Ici,
ils viendront
chevaucher le vide,
transpercer le vent,
emmêler les étoiles,
noyer la lune,
étreindre le soleil.

Car ils sont
de grands oiseaux,
ces dieux compliqués
qui osent
des dénouements incertains.

dimanche 7 mars 2010

Histoire d'eau


D'une plume de glace
tracer
le roman de l'hiver.

Alphabet muet,
lignes indéchiffrables,
pages translucides, solubles
livre vierge.

Ainsi à chaque saison,
tout recommencerait.

mardi 23 février 2010

Soir de neige


Ce laiteux
épandu
sur le rude, le rêche
d'une terre pleine.

Voussures du froid,
poids d'un demi-jour,
invisible frisson.

lundi 11 janvier 2010

Mirage II




C'est à la cime du matin
un froid bleu
blessure lumineuse

de celles qui trompent les yeux.

Faille claire



Derrière le plomb tordu
le jour heurte en silence.

Là, gisent les pierres
calmes, glacées
des voûtes et des colonnes.

Prière de l'hiver.

samedi 2 janvier 2010

Seuil



Une porte, pour
l'empreinte du vent.
Un arbre
pour freiner la course du ciel.

Blancheur volée au ruisseau,
minuscule liberté
des ondes.

Jamais,
ne se retourner.