Dans les rues, longeant les magasins

glissaient nos pieds

frayés de pluie

une pluie gris jaune de

fin d'été, d'année, de jour

En vitrine luisait un soleil bleu

sous des spots tricheurs

Nous dépassions 

des mannequins en ordre de

marche immobile.

Nous n'étions qu'au début de juillet,

un matin sans couleur encore.

conciliabules, 

souffles, paroles, courants
d'air

égarés le long de vastes 

corridors,

flottements gris

et blancs

apparences.

Têtes de paille

coeurs de foin

cheveux d'herbe sèche

le grand poumon du ciel

s'entrouvre

et libère un souffle blanc

de fin du jour.

Ombres

alignements

puissance de la pierre

L'infini noir et blanc

au bout des allées

Tracé de silence

enfermant l'été

hors les murs.

Le ciel jonche les trottoirs
sur les marchés

Eclat perdu des regards,
fadeurs, ennui

même en l'absence
des nuages.

Esprits de pierre et de feuilles
engourdis sous l'orage


des deux côtés du miroir
identique illusion.

A la racine des ombres
loin des clairières blanches
naissent des forêts
immatérielles.

Entre ciel et ruisseau

la marcheuse d'eau

confie à ses pieds le chemin

vers la source.

Aux voiles sans mâture

s'étonnent les regards

un monde inconnu

existe-t-il

de l'autre côté ?

Etranger

dans la maison déserte,
 chante l'absence
et la nudité

laisse ta peau  
s'empourprer 
pour alléger ton fardeau. 

Aspirer

les angles ronds de la lumière

Abandonner tout désir

d'empreinte

Passer, n'être plus

que l'autre facette de l'ombre.

Sur le miracle de l'eau

se courbaient les corps profanes

brisant à la surface

les mirages dorés,

pailles et poussières.

Les mains rouges et puissantes tordaient

des linges gorgés de propreté.

Jeu de dupes

échec et matité

partie gagnée

d'avance sur

le soleil.

Béances de chairs

nacrées dans le ciel

effacement des oiseaux

sans aucun désarroi

Sous les ailes du soir

mollissent les angles du jour.

Echelles du jour

passages, corridors

empreintes brèves,

égarements

franchise de la lumière.

La pierre dit à la lumière

les choses grêles du matin

des tombées de bleu

dans les crues du ciel,

les ombres tendues,

la cendre des heures brûlées,

les failles de l'horizon.

Nous rêvions de cabanes

planches, tipis,

bois saignant la rouille,

seuils instables

fenêtres étoilées

et nos pieds d'enfants

conquérant

des palais de vermine.

Un aigle blanc 

avait chuté

parmi les racines glacées

L'eau tremblait

pour rien

paraphes insignes

déchiffrés par le vent.

Mondes ténus,

infimes largesses

chemins de paille

Dernières barrières de l'hiver.

Repli des ombres,

refuges blancs,

luttes immatérielles, 

poids de la lumière

tournant dans le jour

comme vis sans fin.

Combien de pas perdus

dans le pli des étoffes

s'emmêlant aux pieds

dans les pierres ébréchées

des chemins défaits

dans les prières pleurées

titubant vers le ciel ?

Les pas tracent

en douce

des lignes de fuite

où les passants s'égarent,

songeurs.