samedi 27 décembre 2008

A tra-vert


Année-lumière
infime pellicule
-tache, cloque -
qui sépare le monde
et l'oeil.

vendredi 19 décembre 2008

Juste avant l'hiver


Lame fine du vent
rasant les plaines
fausse douceur.
Un matin
près du solstice
la terre sera nue.

lundi 1 décembre 2008

Voyager

Trombes du temps
vrillant la campagne
voiture cinq, place trente-huit
(wagon-bar en voitures quatre
et quatorze)
immobile à deux-cent soixante-dix kilomètres heure
je projette, échafaude, espère
en ce temps suspendu.
Chaque voyage serait
le début d'une nouvelle vie.

jeudi 20 novembre 2008

Le plongeon





L'homme était ambitieux,
le bassin peu profond.
Il n'y plongea que la tête,
par trois fois
-longue immersion-
en un rite de baptême païen,

désir de renaître...

dimanche 9 novembre 2008

Le départ

Je rentrais chez moi.
Lui, épuisé
était en partance pour une planète
inconnue.
Derrière la gare
des sons amplifiés
-batterie, guitare saturée-
montèrent soudain, colorant l'espace.
L'avenue s'élargit,
les montagnes reculèrent
C'était un peu avant le soir.
Tout devint plus clair et prit sa place.

Voyage fantôme

Un jour sans tain
dissimulera
le troupeau des ombres.
Loin du métro, des autobus,
embarquer sur des bateaux nus,
aux mâts sans voilure,
et quitter le port.

vendredi 31 octobre 2008

Un soir en mer


Voie de métal
eau et ciel, fusion
hachures étincelantes
balancement sans colère
ailes invisibles
froissant l'horizon,
airs de rien
crécelles, à peine.

jeudi 23 octobre 2008

A la porte de l'aube


Franchir le seuil du matin,
délaver les encres de la nuit,
déchirer
le voile opaque des heures,
agrandir le ciel,

soudain,
sonder le vertige des oiseaux.

dimanche 12 octobre 2008

Bulle belvédère


Tapi derrière la vitre
voir sans être vu/étant vu
café tiédi au fond des tasses
ou panaché glacé
servi, geste muet,
sur faux marbre roux.
Envie de quitter la bulle,
sortir en terrasse
dans le peu de soleil.

dimanche 5 octobre 2008

De l'autre côté


Ce serait un long quai
fantôme
abritant les trains bleus
des jours traversés
à l'aube.
(Sur les quais d'où les trains partent,
tout est gris).

dimanche 28 septembre 2008

Escalator


Soudain il n'y eut plus ni couleur
ni parole
seulement des corps mécaniques
yeux fixes
pieds collés au métal
qui descendaient,
insectes immobiles
frôlant des lampes blêmes.

dimanche 21 septembre 2008

Indochine


Tôt le matin,
longer la berge,
lever les yeux :
guetteur inlassable,
il pointe, loin sur les eaux floues,
l'Annam et le Tonkin.
Puis,
comme chaque jour de la semaine,
s'arrêter
au centre ville...

dimanche 14 septembre 2008

Vertige temporel


Flèches arrêtées en plein élancement,
tuyautées d'époxy,
langées de fibres inaltérables.
Sur le côté, se tordant le cou
les gargouilles en liberté
se penchent sur le passé.

dimanche 7 septembre 2008

Fin de journée


Heures qui gouttent
suspendues
aux cintres de l'ennui
flic-flac
jour sans pain.
Au soir, tout sera sec.

lundi 1 septembre 2008

Jungle urbaine


Lianes rouille
racines métal
serpents morts
insectes de poussière
grouillant aux pavés
déménagements de territoires
fin de chantier.

dimanche 24 août 2008

Parasols


Ils jouent
aux mâts de cocagne,
découpent le ciel,
fissurent le soleil,
abritent l'été
dans les mailles de l'ombre.

Couleurs du temps


Courses alanguies,
brûlures humides
suées des astres,
sans relâche, lever nos têtes,
scruter
la lente pagaille du ciel

mardi 12 août 2008

Souvenirs


Boutique close
jours tombés
en désuétude
objets inanimés
enchères de l'oubli.

samedi 2 août 2008

Les murs dansent


Vitrine des rêves sans tain,
Envier cet élan factice,
apesanteur ad libitum
ou bien
longer le mur,
doubler d'un pas solide,
trottoir ferme sous la sandale,
simple jubilation
de piéton ordinaire.

dimanche 27 juillet 2008

Impromptu


Entêtement de l'enfant
et de l'oiseau,
guerre de square.

L'oiseau ricane,
l'enfant rit aux éclats

l'oiseau est impénétrable.

Oncle Vania


Corps combats
moulinant le mistral
mots
drus sur la prairie
rafales,
vie des vivants,
des morts
Un long trait
sans reprendre haleine.
Le théâtre, la vie.

vendredi 18 juillet 2008

L'espace s'ouvre en bleu


Sol liquide, joyeux,
îles broussailles, à portée de vagues.
l'arrière du bateau
peigne l'écume
mousse oblique,
galop franc
se jettera dans le sillage
d'un voilier, plus loin.

jeudi 17 juillet 2008

Le Mans, 14 juillet


Vide au gris des fenêtres
ciel sans artifice
plus de tramways
rails luisants au soleil bas.
Une seule terrasse
sur la trop grand'place.
Un vieux noir ivre
commente
mots touchés coulés
au caniveau.

lundi 7 juillet 2008

Sur un sentier recouvert


Creux, touffu,
traverse l'île. Mais
qui a vu la terre se jeter à la rivière ?
L'eau jamais ne lui sera miroir,
mouroir.
Au ras de l'eau
offre son peu de corps
aux herbes piquantes
cerné de hauts arbres nus
au ciel et
dans l'eau.

lundi 30 juin 2008

Drôle de petit animal éphémère





Plus légère que l'air...
Dimanche de juin,
fin d'après-midi,
juste avant la pluie.

Elle invente l'été, soudain.

lundi 23 juin 2008

Béance


Dans ma ville, il y a un trou
immense
avec des maisons au bord,
qui vont sûrement tomber dedans.
Quand il sera comblé,
pierre blanche, pierre rousse,
ce sera un trou de mémoire,
on aura tout oublié.

lundi 16 juin 2008

Traces




J'ai voulu, tu as voulu
entendre l'infime musique du temps
dans les pierres lasses.
Flâner
empreinte des jours
où s'inscrit le pas
des touristes
en été.

jeudi 5 juin 2008

On a marché sur la lune


Ombre de la terre
étoiles flottantes, confettis
entre deux ciels
soir de fête
avancée de la nuit
masquée
de lumière.

vendredi 30 mai 2008

Temps / contretemps


Kilomètres
rase-bitume
après-midi vague
sous un ciel bas
à en crever.
La lumière n'est pas d'ici.
Demain peut-être

vendredi 23 mai 2008

L'Express pour la Voie Lactée


Circule les soirs d'orages
(certains seulement).
Réservé aux voyageurs
sans corps ni bagages.
Horaires : déchiffrer les nuages.
Durée du trajet : l'éternité.

jeudi 15 mai 2008

Est-ce beau, une ville, la nuit ? (2)


Présences effleurées
aux fenêtres
derniers pas, trottoirs
à la croisée des absences.
puis échouer
à la porte du sommeil
enfin.

Est-ce beau, une ville, la nuit ? (1)


Lune floutée, mouillée,
débordant sur
le noir sirop de la rue

vagues lisses.

jeudi 8 mai 2008

Mirage


Devant : pierre grêlée de nuits blanches.
Derrière : jour lové,
allée ombrée,
tournant vers un semblant d'infini.

mercredi 7 mai 2008

D'un matin de printemps (2)


Abondance de hasard
foulée aux pieds
puis émiettée,
pain aux oiseaux,
neige fondue rose
au noir de la terre.

D'un matin de printemps (1)


Empreintes de pierre,
faux-pas,
chemin qui mène à
la multitude du vent.

samedi 26 avril 2008

Plongée dans le vert (2)


Arabesques,
ciels aquatiques,
ligne de partage
du monde des oiseaux
et des poissons.

Plongée dans le vert (1)



Des reflets inventent
la profondeur des eaux,
l'épaisseur du ciel.

dimanche 20 avril 2008

Auxerre, printemps, fin d'après-midi (3)


Tout s'effacera au premier nuage
sorti
de la grotte bleue du ciel.

Auxerre, printemps, fin d'après-midi (2)


Monter une ruelle,
en descendre une autre.
Plein soleil,
lente et mouvante géographie,
signatures du soleil.

Auxerre, printemps, fin d'après-midi (1)


A pas tièdes et lents
traverser la ville.
Six heures du soir.

vendredi 18 avril 2008

Sortir du labyrinthe


Dedans, l'air frais et noir
Dehors, le cri du monde
aigu comme celui des sirènes
dans la frange du soleil.
Les yeux bandés,
tourner trois fois sur soi-même
et trouver le passage.

vendredi 11 avril 2008

Marelle


Souvenirs de filles...
Marelles effacées,
chemins de craie
poussière des cours
cailloux plats lancés glissés
quitter la Terre à cloche-pied,
sauter dans le Ciel...

mercredi 2 avril 2008

Partir, revenir

se glisser, le temps d'un bref voyage
dans la peau d'un inconnu,
neutre
anonyme
itinéraires tous différents,
indifférents
croisés, décroisés,
regards qui se ratent, sourires frôlés
quelques mots, ébauche
trois petits tours en France ou ailleurs
et retour à la case départ
retour dans ma case

mardi 18 mars 2008

Passage à vide

Comme chacun sait, les dimanches après-midi, la ville est déserte. Tout devient immobile, et de blêmes fantômes glissent dans les labyrinthes, s'évanouissent derrière les vitres, fondent dans les escaliers pour s'éteindre au fond des caves .

Il suffit de lever la tête


C'est un petit jardin serré entre les maisons. En levant la tête, on voit le ciel du soir s'étirer vers un infini cotonneux, qui dérive lentement au-dessus de la ville. Les chauve-souris s'en moquent éperdument, elles zigzaguent et je n'arrive pas à les suivre des yeux.

mardi 4 mars 2008

Jeu de patience


Tous ces petits carreaux...assemblés les uns contre les autres, mosaïque sauvage flanquée sur les mauvaises herbes de l'entrepôt, derrière la rivière.

Hiver, Yonne


dernière image hivernale avant le printemps...

mercredi 27 février 2008

Dans le bleu


... c'était une superbe voiture, garée dans la rue grise. Egarée là, sur le bitume sombre, rutilante comme le ciel des dimanches...

lundi 25 février 2008

Schoppernau (2)


... et l'on foule aux pieds, le temps d'une promenade, ces fougères de glace qui ont poussé dans le froid de la nuit...

Schoppernau (1)


On ne voit plus le chat sur la neige d'en face. Il a disparu derrière un tas de bois. Le soleil vient de surgir au-dessus de la montagne. Premier jour de la semaine.