Vers le jour

Pas perdus,
galeries
où l'on marchande,
ennui définitif.

Passé l'escalator,
béton
noyé de lueurs,
prélude à l'échappée :

dehors,
éventail de marches
jeté aux pieds
de Saint Eustache.

Nuit

Riens, poussières
d'azur noirci,
chute pesante
aux murs sans faille

La nuit commence sa nuit.

Des hommes fuient,
étouffant des soupirs

Arbre

Toutes saisons emmêlées,
temps contrefait,
sans nervures.

Seul le ciel
est inimitable
et la chaleur en tombant
évite
l'arbre en toc.

Giverny

Verts et roux
flux, filets, coulures,
étals clairs
chemins d'air

midi coulisse en crissant
ailes d'automne.

Rue de Paris

Seuils, suspens,
heures vacantes.
le noir est-il vide ?
Lumière en playback,
particules
anonymes.

L'espion

Bonhomme de décombres,

papier mâché

Il observe les passants

défiler

dans le couloir sans fin.

Je me retourne,

rends son salut

au grand insecte myope.

Sous l'oeil du dragon

Un piéton descendrait
- se croyant seul -

pensées, labyrinthes,
pas résonnant
entre les murs,
striant le silence.

Lambeau

Songe, souffle
cicatrice sèche
repli moiré
dans le rêche des nuits
trou noir
refuge d'un roi fou
arpentant quelle
ligne de fuite ?
Quand tu rêves tu es
celui qui crie et
n'entend pas son cri.

Plus loin, des nuages
s'emplissent de colombes.

Un soir avant l'orage

Houles mates
sans murmures,
rampant
dans les diagonales du ciel ...

... ne pas deviner
le vol
invisible de l'oiseau
noyé au large.
L'arbre est
attente,
essoufflement.

Case départ

Plateformes

aires, tracés

bitume pneu poussière,

géographie grise

des parkings,

ennui automobile.

Brouillons

Raturer l'invisible,

signer ses reflets,

tirer ses marges claires

dans l'écho tranchant des couleurs.

Une vie

L'homme avait tracée sa vie

non pas d'un trait

mais de lignes plus serrées

que celles de la main

Traits noirs

pointillés tremblants
chargés d'inachèvements

de cicatrices

laiteuses déchirures.

L'Envolée

Oiseaux géants
sans ailes,
fil à la patte.
Le ciel peut attendre,
le diable aussi.
Le paradis est ici :
entre ciel et terre.

Homme, ombre

C'est aussi un tableau
(mur extérieur,
côté soleil, soir).
A l'intérieur,
dans l'ombre des salles
défilent les portraits,
carrés de toiles,
noeuds
de chairs vives,
Egon Schiele.

Bleu

L'infiniment vide,

le bleu

écume l'univers

à la fonte des nuits.

Est-ce lui qui surgit

aux voiles des fenêtres

dans des maisons inventées ?

Le bleu n'existe pas.

Creuser

Béton, terre

alvéoles

trous

troglodytes,

niches d'hommes,

d'insectes...

... d'oiseaux,
milliers d'yeux
orbites vides
regards volés.

Monument

gravé dans la guerre,

inscrit dans la pierre,

le bleu délavé

des anciennes peurs.

La mort au souffle court

perd son temps

au mauve du matin.

Il n'est pas trop tard

pour les oiseaux.

Maison, nuit

C'est l'heure où la nuit

carapace du vide

ne pèse plus que son poids

d'éther.

Commencer à se fondre

dans les heures

Penser à autre chose.

Plexi

Aux fenêtres des trains

s'évadent des nuées

opaques et sèches
invisibles à l'oeil distrait
du passager

Le train d'en face

Tant de trains partiront
là où je n'irai pas.

Adieu

Dispersions, éloignements

ne pas se retourner.

L'arbre et l'eau

L'arbre nous dit

la transparence du froid,

l'embourbement

et tout ce noir aux branches,

douleur de l'hiver,

douce perdition.

Absence

Paupières de bois

murées,

interrogation jumelle,

signe

brut de déchiffrage.

Passons le chemin,

mutisme

contre silence.

Coulures

Course

chevaux debout

droits, effilés

mordant le souffle court du vent.

Peu après, le soleil avait fondu

aux sueurs froides

des pierres.

Ville morte

Buée d'étoiles, poussière,

voiles,

silence gravé au coin terne

des fenêtres aveugles.

Absence de signes.

Marcher seule

dans la ville

jusqu'à se perdre.

Janvier

Lune couteau

étoiles verglacées

noyades éphémères

janvier

puits sans fond

Parking

Attente
nuit jaune
minutes cristal
dans le tranchant du gel
et ce silence
des voitures vides.

Paris, quartier Beaubourg, 4 janvier 2009 (3)

Voix évaporées,

flux des passants.

l'ombre de Brancusi

rôde.

Rue Saint Martin,

pas un artiste en herbe,

pas un chevalet.

Paris, quartier Beaubourg, 4 janvier 2009 (2)

Glisser dans le jour fade,
Tomber dans le puits
de l'ombre,
parmi les couleurs éteintes.

Paris, quartier Beaubourg, 4 janvier 2009 (1)

Ciel de neige

tombé

d'un coup,

répandu,

facettes blafardes

du pavé

jusqu'au toit.

Et l'arbre comme témoin.