Mirage (3)

Fluides échelles

quadrille des ombres

cités baroques

dressées au néant

palais de bois mité

phares de la nuit urbaine.

Trains noirs

au creux des quais blafards

Passagers, silences

coulisses

lueurs étrangères

attente, flot sec

Bégaiement du temps

Nasses du ciel

étoiles embrouillées

pointillant la nuit

Les toits barrent toute chance

d'horizon.

Tu t'éloignes des arbres

aux brassées de vent.

volées de marches vers

la bouche noire du métro

croisant, plus légers que 
craquements de feuilles sèches

des talons de filles

claquant dans la montée

Entre la main et la pierre

naissent des secrets

Peau de galet

coeur de poussière

le fil du temps

façonne nos mémoires.

N'oublie pas

N'oublie pas

les rayons pleins
 le creux des persiennes

le blanc des heures arrêtées

aux fissures

des vieux murs

les trottoirs vides

et ton pas élancé

éraflure du silence.

Corps et âmes

Abandons diaphanes,

agonies en suspens,

spirales

sous les voûtes claires

L'âme des dieux s'élève, 

poussière de lumière

échappée des corps

aux lourdeurs mutiques.

Entre-deux

 regarder

sans être vu

être dans le dehors,

hors du dedans

observer le flot des gens

couler à ses pieds

comme l'or perdu,

comme la boue.

A trop le regarder,

il a disparu.

Portraits

L'homme de la rue

pâlit aux ombres vertes

des néons

Des stars brillent
 au-dessus de sa tête.

Un grand vide 
de verres

et de rêves
traîne sur les tables
aux cernes pisseux.

Soir

La lassitude vint,

mèches plaquées

à contre-nuit, 

sommeil encore vert.

Des bêtes frôlaient 

les clôtures électriques,

des papillons taiseux

rôdaient dans nos mémoires

Il fut temps de partir.

Voler : 4

Largesses du ciel,

richesse du rêveur,

fugitive éternité.

Voler : 3

Frôler les feuillées houleuses,

la rousseur rêche des champs.

Des pièges froids

se ferment dans le vide

tout en bas,

sans nous.

Voler : 2

Voler

sur les pentes du vent

par-dessus des vallées mortes ou vives,

des chemins

de fer, de paille, de cailloux

Voler :1

Tout tenait dans la main du ciel :

piste d'herbe,

jubilation lente.

L'air giclait, rauque,

des pales ivres.

Marches étroites

impatience de nos pas

Toit de ciel entrouvert,

lattis mouillé où la lumière

vert mouvant

Pour nous, l'homme avait frayé

son chemin de peintures

La voix de la femme était moins rauque

qu'il n'y paraît

En bas, attendait un homme fatigué.

Sans ailes

Voûte blanche de l'air

échelles de lumière

posées sur la ville

Jalousie des oiseaux

Impatience de nos pieds :

impossible trace.

Le ciel est si haut, si près

Ivresse des oiseaux.

Images

Vision automatique

désirs désordres

oeil à facettes

diagonale cent vingt sept

centimètres

cristaux liquides

aquariums électroniques

Correspondances

Cernes de pierre
 bleu glacé,

arcanes du printemps

griffer l'eau
du bout des doigts

brûler le froid
pendant qu'il est temps.

Déambulations aléatoires

Ainsi
marchent-ils
par de larges rues grises

hommes grêles, souffles pâles

voix brouillées
murmures excitants et fades

dans les brumes
d'une fin de soleil.

Faux-semblant

Fuites du jour
piège,
insignifiante capture

nuit échappée
entrepassant
les portes oubliées

brisures,
enlacements métalliques

Jour sans jour

Rien de plus
n'adviendrait

que
ce voile troué
aux premières heures

arbres et champs
en coulisses,

beaux fantômes.

Promenade

Neige haute, neige basse,
mourant aux flaques

Contourner
de petites mers
sans poissons
où baignent de tremblants sapins

Marcher,
user la matinée

l'or du soleil
laçant nos pas.

Chat

Pointillés
île indécise
au pas des étrangers

Folle diagonale

Territoire de chat

Rivière, février

Froides aiguilles
sous la peau ridée de l'eau

blanc contre nuit,
fissures,
araignées noires
rampantes parmi
les poudres blanches
de l'hiver

Demain
tout sera différent.